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La formation professionnelle tient beaucoup du compromis… Quelques incompréhensions restent à lever entre salariés et responsables RH/formation…
A travers notamment leur plan de formation, les entreprises devraient pouvoir tout à la fois obtenir des résultats concrets, utiles à leur compétitivité… et satisfaire la demande de leurs salariés.
Des objectifs en apparence pleinement compatibles… Ce dont on pourrait toutefois douter en prenant connaissance des motivations des salariés à se former telles qu'elles ressortent de la récente enquête Cegos.
Cette enquête ayant pour originalité de s'ouvrir à 2800 salariés et 600 DRH/RF de 6 pays européens, il est intéressant de noter les motivations à se former que les responsables formation/RH prêtent aux salariés, et de les comparer avec les réelles motivations annoncées par ceux-ci.
L'enjeu est d'importance : obtenir ce fameux "engagement" que les entreprises attendent de leurs salariés, dans leur formation et plus généralement dans leur performance, mis à mal par la crise.
Les enquêtes Cegos se suivent et se ressemblent. Ce n'est pas une critique, plutôt une incitation à passer à l'action : DRH/RF et salariés divergent quant à l'énoncé des motivations de ceux-ci à se former.
Mathilde Bourdat (Cegos) le relève : les responsables RH/formation estiment que les salariés se forment principalement pour obtenir une promotion et augmenter leurs revenus… En quelque sorte : la formation au service d'un ascenseur social auquel les salariés ne semblent plus guère croire, préférant mettre en tête ex aequo leur épanouissement personnel / professionnel et l'amélioration de leur performance ("mieux faire son travail").
A croire que les DRH/RF seraient réticentes à ce que la formation puisse se mettre au service de buts aussi… terre-à-terre ? De l'utilité peut-être d'un retour des RH sur le terrain pour observer ce qui anime les salariés impliqués dans le business : la demande de formations qui répondent juste à temps, avec des contenus calibrés au plus juste, aux problèmes quotidiennement rencontrés en situation de travail.
D'autant, comme le révèle l'enquête, que ce sont les ouvriers et employés les plus motivés par la finalité d'un meilleur accomplissement de leur travail… On le mesure un peu plus chaque jour : la gestion des talents n'est pas limitée à celle des quelques centaines de haut potentiel surveillés comme le lait sur le feu dans les grandes entreprises mondialisées.
Cette exigence d'une formation utile à la performance au poste de travail est générale, plus élevée même chez nos voisins européens… On peut prédire sans risque que les salariés français finiront par combler leur retard, creusant encore l'écart avec les DRH/RF qui n'auraient pas anticipé la tendance.
Michel Diaz
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